

Le réseau de Drive en France est très étoffé. Toutes les
grandes enseignes de distribution ont misé depuis quelques années déjà sur ce
service plébiscité par les consommateurs. La situation pandémique actuelle et
le confinement qui en découle donne au Drive une nouvelle résonnance : le
Drive, une solution de santé publique ? Imaginons le pire : un
confinement plus dur proscrivant les rassemblements auxquels nous assistons
encore dans les supermarchés. Notre pays n’est pas (encore ?) en mesure de
livrer des repas à 70 millions de personnes. Le Drive serait la seule solution
pour nous permettre de nous nourrir et éviter de nous exposer au Covid-19 et
exposer par ailleurs les nombreux personnels qui travaillent encore dans les
magasins. Le prérequis étant bien sûr des conditions d’hygiène drastiques sur
la chaîne de préparation des commandes clients.
Les chiffres actuels sont pourtant contrastés : bien
sûr les chiffres du Drive s’envolent, mais en pourcentage bien moins que
l’évolution du chiffre de la surface de vente. La raison est simple : les
processus de préparation sont devenus industriels et souvent externalisés. Les
enseignes sont toutes alignées sur des standards de productivité et de qualité
qui, généralement, permettent de donner une commande tous les 1/4h. Satisfaisants
en temps normal, ces standards ne sont pas à la hauteur d’une situation de
crise en tant que dernier rempart contre une pandémie. Si vous passez une
commande aujourd’hui 23/03/2020, elle sera disponible le 31/03 pour
l’enlèvement ! Personne ne sait ce qu’il va consommer dans 8 jours…
Résultat ? Les consommateurs retournent en magasin et le chat se mord la
queue.
Alors que faire ? Redonner de la flexibilité et
débrayer le système. Ce n’est certes pas simple humainement et techniquement,
mais la fierté de la grande distribution a toujours été l’adaptation, le
changement et les retours en arrière. L’histoire doit être reprise à la genèse,
quand le magasin préparait lui-même les commandes, réallouer les ressources de
sa surface de vente vers le processus de préparation de commande. Les scénarios
doivent être prêts pour la prochaine crise sanitaire, les équipes préparées,
formées, les systèmes optimisés et mutualisés avec les capacités à faire. Il y
a urgence d’être en capacité de servir un client toutes les 5mn, multiplier les
spots d’enlèvement simultanés, augmenter les plages horaires. Je souligne
l’incroyable adaptation des petits commerces, particulièrement les
restaurateurs qui ont improvisé les repas à emporter, les idées, les
initiatives, les gestes de générosité et d’entraide. L’humain est en danger et
c’est l’humain qui nous apportera des solutions.
Jacques Gauthier Conseil 2020-2021. Made with by blackfisk